Guillaume Fosko, humoriste et papa x2 : « même en famille, l’humour reste ma meilleure arme »

Dans son stand-up désopilant mais aussi sincère et tendre, Guillaume Fosko brosse les joies et les petites misères d’une famille d’aujourd’hui dans laquelle vous risquez bien de vous reconnaître tant les situations exposées sont universelles !

Nous avons eu envie de savoir si, à la maison, Guillaume gère tout avec autant d’humour que sur scène… L’occasion de glaner quelques conseils orientés parentalité auprès de ce « daron fragile » qui ne manque pas d’autodérision.

Vie de parent, vie de papa

Tu réussis à dédramatiser les galères parentales avec ton humour. Quelle est, selon toi, la clé pour ne pas péter un plomb lorsque la vie de parent se révèle fatigante, stressante, voire carrément angoissante lorsque la santé de l’enfant est en jeu ou que le couple tangue ?

Ça aurait été ma réponse : utiliser l’humour, car c’est ce que je fais. Ce qui est sûr, c’est que lorsque je sens qu’il y a un danger, je pratique l’humour avec ma femme et avec mes filles.

J’ai dû, récemment, me rendre aux urgences pour l’une de mes filles. Dans ces cas là, afin de gérer le stress (le leur et le mien), j’essaie de transformer ce moment en une aventure, je sors des blagues, je dédramatise si l’enfant n’est pas trop mal en point.

« Je crois vraiment que l’humour est une clé sociale »

Ma femme m’arrête parfois en me disant de cesser de faire une vanne toutes les trois minutes car c’est vrai qu’il y a une limite à ne pas dépasser. Quand j’enchaîne trop, elle sait alors que je stresse vraiment mais avec mes filles ça passe inaperçu et elles se détendent. Si on se retrouve en voiture à une heure du matin avec papa même pour aller dans un lieu pas très rigolo tel que l’hôpital, elles adhèrent à l’idée de l’aventure.

Sur place je raconte des trucs sur les patients dans la salle des urgences. Et elles sont presque jalouses l’une de l’autre. La grande a dû se rendre à l’hôpital pour des allergies et la petite était presque jalouse d’aller à l’école ce jour-là plutôt qu’à l’hôpital.

Quand on y pense, souvent, le gosse pleure parce que le parent panique devant une situation grave ou inhabituelle. C’est une question de perspective. Aller aux urgences avec la Reine des Neiges à fond sur la sono de la voiture, ça devient finalement de bons moments quand on y repense.

Quotidien de papa, entre blagues et sérieux

Tout ne peut pas se résoudre avec humour, comment gères-tu justement l’équilibre entre humour, autodérision et moments plus sérieux dans ta vie de parent ?

Paradoxalement, je suis tout de même celui qui amène l’autorité à la maison. Les blagues sont là, mais je m’emploie aussi à poser de vraies limites. C’est même essentiel. À vrai dire, je suis un peu rigide et j’ai moins de patience que mon épouse, donc il y a des moments où je ne rigole pas.

Mais si j’ai crié alors que je n’aurais pas dû, j’essaie ensuite de déverrouiller avec des blagues pour que mes filles dédramatisent. C’est une clé pour mettre une bonne ambiance ou la rétablir quand moi-même je l’ai cassée. Je crois vraiment que l’humour est une clé sociale qui permet de débloquer bien des situations.

Je m’interroge toujours : « quelle est l’image que tu veux que tes filles et tes proches retiennent de toi ? »

L’humour me sert malgré tout à désamorcer des petites situations stressantes pour elles. Par exemple, j’ai emmené pour la première fois ma fille au judo et elle appréhendait beaucoup. Bon, mes blagues n’ont pas réussi à la faire rentrer dans le dojo, mais il faut toujours tenter !

Mais revenons sur les limites. Poser des limites, c’est une évidence. Pour moi, le matin est assez représentatif : je presse tout le monde afin que l’on puisse partir à l’heure, puis sur le chemin de l’école, je détends l’atmosphère.

Et tes filles, elles te font rire elles aussi ?

Mes filles, qui ont 3 et 6 ans, rigolent facilement et ont vite compris que l’humour est un mode de communication. Elles essaient elles-mêmes de déclencher le rire, j’ai transmis ça involontairement. Faire rire les parents, c’est un objectif. Elles savent que déclencher un rire, c’est une manière de montrer son amour. C’est presque transactionnel.

En fait c’est familial. Je me revois petit, quand ça gueulait un peu à la maison. Si on arrivait à faire rire un parent pendant qu’on se faisait gronder, on retournait la situation et c’était gagné.

 « Si on arrivait à faire rire un parent pendant qu’on se faisait gronder, on retournait la situation et c’était gagné. »

Astuces de papa

En tant que père, quelles sont les situations du quotidien qui t’inspirent le plus pour créer ton contenu humoristique ? Penses-tu que cela pourrait aider les parents à se détendre face aux petites contrariétés de la vie ?

Ce sont les moments les plus tendus, ceux où je suis en porte-à-faux. Là il faut pratiquer l’humour et, a fortiori sur scène, il faut montrer ses failles. Les meilleures situations, celles qui m’inspirent le plus sont celles où je n’ai pas toujours le bon rôle. Car on ne peut pas juste tourner en dérision sa femme ou ses enfants. Montrer ses propres failles, c’est mieux.

Dans un passage du spectacle, je raconte que j’ai fait avouer à tort une de mes filles, et ça dure 5 minutes alors qu’en réalité, c’était l’autre qui était coupable de la bêtise (ce que ma femme m’a confirmé ensuite). Le public est mort de rire parce qu’on peut tous faire la même chose en tant que parent ! Avoir de l’autodérision, c’est le plus important.

Parent, humour et éducation

L’humour est une carte à jouer dans l’éducation des enfants. Comment conseillerais-tu aux parents qui nous lisent de l’employer pour éviter ou sortir d’un conflit avec leur enfant ?

Désamorcer ! Il faut désamorcer. Dans la vie, à part la mort ou un danger vital imminent, rien n’est grave. Il suffit de dire ça à l’enfant. Dédramatiser, prendre du recul sur soi-même, leur apprendre l’autodérision. Leur apprendre qu’on n’est pas parfait, qu’on a des défauts, et que, eux non plus, ne seront pas parfaits et qu’ils ont des défauts, et que c’est acceptable, humain. Rigoler de quelque chose, c’est dire que c’est acceptable.

Vivre sa parentalité avec légèreté, possible ?

Avec ton approche un brin caustique, quel conseil donnerais-tu aux parents qui galèrent au quotidien pour prendre du recul et vivre leur parentalité avec plus de légèreté ?

J’ai cette philosophie : dans 50 ans, on sera tous morts. Je me projette plus vieux, pour savoir si je vais me souvenir de ces moments et si ça va me faire rire. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis lancé dans cette seconde carrière. J’ai travaillé 15 ans en agence de pub, mais le salaire confortable et la bonne situation ne font pas tout. Ça oriente désormais ma paternité. Je m’interroge toujours : « quelle est l’image que tu veux que tes filles et tes proches retiennent de toi ? Est-ce que tu étais présent ou pas lorsque les filles étaient enfants ? » etc. On se projette, ma femme est pareille. Pour le travail je me dis « est-ce que tu veux qu’elles retiennent qu’elles avaient une super situation matérielle ou un père qui s’éclatait, qui n’avait pas peur, qui fonçait, qui s’amusait et qui était là ? »

Retrouvez Guillaume Fosko sur scène au Théâtre du Point Virgule à Paris pour 5 dates en octobre et novembre 2024 et sur Instagram @_fosko_