
Milk blues, quand la fin de l’allaitement et le sevrage déprime les mères

Saviez-vous que l’arrêt de l’allaitement maternel peut être une période difficile à vivre pour les mamans ? Ce phénomène porte un nom : le milk blues ou déprime post-allaitement. Si le baby blues et la dépression post-partum sont des sujets qui sont de plus en plus abordés, le milk blues reste moins bien connu.
Vous ressentez une profonde tristesse face au sevrage de votre enfant et vous vous demandez si c’est normal ? Sachez que vous n’êtes pas seule : de nombreuses femmes allaitantes passent par cette phase. Pour vous aider, on vous explique ce qu’est le milk blues et comment faire pour vivre au mieux cette étape particulière.
Pourquoi la fin de l’allaitement déprime les mamans ?
Le sevrage de bébé peut intervenir à des âges différents et dans diverses situations. Pourtant, la déprime post-allaitement semble toucher de nombreuses mamans (on ne trouve pas de statistiques sur le sujet pour le moment )… Voici quelques éléments qui permettent de mieux comprendre pourquoi la fin de l’allaitement entraîne une déprime ?

Où sont passées les hormones du bonheur ?
Deux hormones jouent un rôle dans l’allaitement : la prolactine et l’ocytocine. L’ocytocine est aussi appelée hormone du bonheur, du bien-être et de l’attachement. C’est cette hormone qui vous détend tellement qu’elle vous donne envie de dormir quand vous donnez la tétée.
Lorsque vous arrêtez d’allaiter, la production de ces hormones chute : fini les douces doses d’ocytocine ! C’est donc tout à fait normal d’avoir le moral dans les chaussettes…
Quand sevrage rime avec retour de couches
Même si ce n’est pas le cas pour toutes les femmes, le sevrage peut provoquer le retour de couches. Qui dit retour des règles dit pour certaines, retour des changements d’humeur liés au cycle menstruel et ses variations hormonales… Ça ne vous avait pas manqué, n’est-ce pas ?!
La fin des seins nourriciers

Votre poitrine si généreuse qui était jusqu’alors source d’alimentation et de bonheur pour votre bébé arrête de produire du lait et se vide petit à petit. Elle perd de son volume et de son galbe. Pour les plus chanceuses, elle reprend plus ou moins sa forme d’avant, pour d’autres, c’est une véritable transformation.
Si votre allaitement s’arrête brusquement, vous pouvez être confrontée à des engorgements, voire des mastites : une vraie joie… Les changements de volume peuvent aussi faire apparaître des vergetures.
Tous ces changements physiques peuvent être difficiles à vivre et il vous faudra peut-être du temps pour réapprendre à aimer vos seins…
Transformation de la relation avec bébé
Nourrir son bébé au sein, c’est avoir une relation de proximité intense avec son bébé, une vraie fusion. Attention : nourrir son bébé au biberon n’empêche absolument pas d’avoir une relation fusionnelle avec son bébé 😉 !
Une fois que vous ne donnez plus le sein à votre bébé, vous pouvez avoir l’impression de perdre cette connexion, cette relation très spéciale qui vous unissait…
Vous pouvez vous sentir inutile et avoir l’impression que votre bébé n’a plus besoin de vous. Spoiler alert : allaitement ou pas, vous serez toujours maman, une des figures d’attachement principales et votre bébé a toujours autant besoin de vous !
Dans quelles situations le milk blues peut-il survenir ?
Il existe différents types de sevrages, selon l’âge de votre enfant et la situation dans laquelle il se déroule. Vous pouvez être plus ou moins touchée par le milk blues en fonction de la fin de l’allaitement que vous vivez.

Arrêt précoce de l’allaitement
Il y a encore beaucoup d’allaitements qui prennent fin très rapidement en raison des difficultés liées à sa mise en place. Certaines jeunes mères ne trouvent pas le soutien dont elles ont besoin pour faire face à leurs problématiques :
- douleurs ;
- crevasses ;
- bébé qui ne prend pas de poids…
Les mamans dans cette situation peuvent se sentir en échec dans leur projet et coupables de ne pas réussir à donner le sein : un milk blues dans toute sa splendeur !
Après un accouchement compliqué, malgré la fatigue, j’ai voulu allaiter mon fils. La tétée d’accueil a vraiment été un moment magique pour moi. Mais très vite, dès la maternité, j’ai eu des douleurs et des crevasses.
Olivia
Malgré tout, j’ai persisté, car je voulais vraiment donner le sein à mon bébé. Les deux premières semaines ont été très difficiles, entre le manque de sommeil et les douleurs liées à l’allaitement.
Au cours de l’examen de la deuxième semaine de vie, on s’est rendu compte qu’il n’avait pris que très peu de poids, j’ai donc préféré passer au lait artificiel.
J’ai beaucoup pleuré en lui donnant le biberon, car je me sens coupable de ne pas avoir réussir à le nourrir de mon lait. C’est difficile pour moi d’accepter cette situation, je me sens en échec. Je ressens une profonde tristesse et j’espère qu’elle s’atténuera avec le temps…
Arrêt brutal de l’allaitement
Il arrive que certains bébés arrêtent de téter du jour au lendemain. Votre bébé refuse complètement le sein et impossible de lui donner malgré différents subterfuges. Cela s’appelle une grève de tétée qui peut être provoquée par différents facteurs. Cette situation peut être très difficile à vivre pour la maman qui ne comprend pas pourquoi bébé ne veut plus le sein.
Après 8 mois et demi d’allaitement, j’ai vécu un sevrage induit involontaire. Alors que j’avais une gastro-entérite assez fulgurante, j’ai donné le sein à ma fille. Il y a eu une tétée qui s’est particulièrement mal passée puisque je me sentais très mal. Suite à cela, elle n’a plus jamais voulu téter.
Audrey
Je pensais que c’était une grève de tétée temporaire, j’ai donc essayé de la remettre au sein de différentes manières en suivant les conseils de ma conseillère en lactation IBCLC. Malheureusement, rien n’a fonctionné, elle n’a plus jamais voulu prendre le sein.
Avec la fin de l’allaitement, j’ai été obligée de lui donner du lait artificiel, mais elle n’acceptait pas le biberon, j’ai donc dû lui donner du lait à la cuillère.
À ce moment-là, j’ai vécu un vrai milk blues. J’étais très mal en point, je ressentais un manque horrible, une tristesse profonde et je me suis sentie rejetée par ma fille. Ça a bien duré 3 semaines, comme une sorte de mini dépression, le temps que j’accepte la fin de l’allaitement. Heureusement, j’ai eu beaucoup de soutien de la part de ma maman qui s’était renseignée et comprenait ce que je vivais. Maintenant, je ne pleure plus, mais je suis toujours très nostalgique de cette période.
Sevrage subi

Le sevrage peut aussi être mal vécu lorsque la maman est contrainte de sevrer son bébé alors qu’elle n’en a pas envie. Cela peut arriver dans différentes situations, comme :
- un traitement médical nécessitant la fin de l’allaitement ;
- la reprise du travail avec l’impossibilité de tirer son lait…
Vous auriez eu très envie de poursuivre votre aventure lactée, mais vous avez beau retourner le problème dans tous les sens, c’est impossible. Dans ce cas, faire le deuil de l’allaitement peut être compliqué et donner le biberon à votre bébé est un crève-cœur…
Lorsque le sevrage intervient indépendamment de votre volonté, vous pouvez ressentir de la frustration et du chagrin, voire de la colère.
👉 Petit tips : vous pouvez vérifier ou demander au corps médical de vérifier sur le site du CRAT (centre de référence sur les agents tératogènes) la compatibilité d’un traitement médicamenteux avec l’allaitement.
À lire : Allaitement et travail
Sevrage en cas de grossesse
Vous pouvez tout à fait continuer à donner le sein pendant votre grossesse. Par contre, cela arrive que les enfants se sèvrent d’eux-mêmes à cause du changement de goût du lait ou de la diminution de votre production. La fin de l’allaitement couplé aux hormones de grossesse peut créer un cocktail explosif pour votre moral…
Sevrage planifié
Lorsque vous avez décidé de mettre fin à votre allaitement (quelles qu’en soient les raisons) et que vous êtes réellement prête pour vivre cette étape, vous allez certainement être épargnée par le milk blues. Vous pourrez malgré tout ressentir une certaine nostalgie de ces moments de douceur avec votre enfant mélangée à la fierté d’avoir mené à bien votre projet d’allaitement.
Le sevrage naturel
On parle de sevrage naturel quand l’enfant s’arrête de téter de lui-même, entre 2 ans et 7 ans (en moyenne) sans qu’il y ait d’autres raisons (grève de tétée, confusion…). Ce type de sevrage est bien souvent progressif, aussi bien que les mamans ne s’en rendent pas toujours compte tout de suite.
Bien qu’il soit attendu, cela ne vous empêche pas d’être un peu triste…
J’ai allaité ma fille pendant 4 ans. Au bout de trois ans d’allaitement, je disais à qui voulait l’entendre que j’avais hâte que ça se termine. Pourtant, je ne voulais absolument pas empêcher ma fille de téter, car je voyais bien qu’elle en avait encore besoin, plus au niveau affectif et émotionnel que nutritif, évidemment.
Mélina
Quand je me suis rendu compte que cela faisait plusieurs jours qu’elle n’avait pas demandé à téter, je n’ai pu m’empêcher de pleurer. Mon bébé est devenu grand et la fin de l’allaitement rend cela encore plus réel. Pour moi, c’était la fin d’une aventure qui me tenait vraiment à cœur. La tristesse est vite passée, laissant place à un profond sentiment de fierté.
Comment mieux vivre la fin de l’allaitement ?

Maintenant que vous en savez plus sur le milk bues, voici quelques pistes pour adoucir la fin de votre allaitement autant que possible.
Faites-vous accompagner en cas de difficultés
Si vous avez du mal à mettre fin à l’allaitement ou que des problèmes surviennent, n’hésitez pas à vous faire accompagner par une conseillère en lactation IBCLC. Cela pourra vous éviter de ressentir ce sentiment d’échec : même si cela ne fonctionne pas, vous aurez essayé de mettre des choses en place, vous aurez fait du mieux que vous pouvez.
Faites valoir vos droits pour l’allaitement au travail
Beaucoup de femmes arrêtent d’allaiter pour reprendre le chemin du travail sans savoir qu’elles ont des droits. D’après le Code du travail, vous avez droit à une heure par jour pour allaiter votre enfant jusqu’à son premier anniversaire. Vous pouvez :
- allaiter votre enfant sur son lieu de garde
- allaiter votre enfant sur votre lieu de travail
- avoir une heure pour tirer votre lait
L’article L1225-32 précise même que « Tout employeur employant plus de cent salariées peut être mis en demeure d’installer dans son établissement ou à proximité des locaux dédiés à l’allaitement. »
Dans les faits, il n’est pas toujours facile d’appliquer cela, mais si vous souhaitez allaiter après votre congé maternité, n’hésitez pas à en discuter avec votre employeur.
Créez de nouveaux moments fusionnels avec votre bébé

Pour faire évoluer votre relation avec votre enfant une fois l’allaitement terminé, essayez de trouver d’autres moments de complicité qui remplaceront l’allaitement. Les câlins, le portage, les promenades ou les jeux créent une belle proximité. Et vous trouverez des choses intéressantes ici avec nos 8 pistes pour rendre heureux son bébé 🤍
Relativisez !
Ok, c’est plus facile à dire qu’à faire… La maternité est tout sauf un long fleuve tranquille et les raisons de culpabiliser sont nombreuses. Le plus important est de faire de votre mieux et de répondre aux besoins de votre enfant, que vous l’allaitiez ou pas.
Dans tous les cas, si vous constatez que votre déprime persiste, milk blues ou non, n’hésitez pas à consulter des professionnels de santé pour vous aider. Avoir une maman en bonne santé physique et mentale est aussi extrêmement important pour votre bébé !